Les ELLE, c’est mes premiers romans, avant les ELLE, je n’écrivais pas du tout et ce n’était pas un projet mûri. Pour l’histoire, j’avais treize ans et je lisais une énième fois mon livre préféré (Silver de Kerstin Gier) avec l’énorme frustration de ne pas avoir la suite parce qu’il y avait seulement les deux premiers tomes de traduits en français et il me manquait le troisième tome.

Et pour une raison assez étrange (même si le contexte était favorable à l’imagination), en montant à cheval, j’ai eu une idée d’univers fantastique avec de la magie et des personnes pouvant avoir des pouvoirs. Dans mes toutes premières idées, j’avais l’idée du pouvoir de communication avec la nature pour mon héroïne. Je ne sais pas exactement comment elle a fait son bout de chemin, mais quand j’étais en voiture pour le chemin retour, l’univers a commencé à se construire, avec les cinq personnages nés le même jour au même lieu qui possède un pouvoir unique (j’avoue, dans la toute première version, ils étaient six). Et la date m’est venue tout naturellement, le 29 février 2000. J’ai aussi eu l’idée de la mission de mes personnages avec toute une quête à travers le monde pour trouver un objet magique.

Fondamentalement, la base de l’histoire n’a pas beaucoup changé depuis, j’ai vite eu l’idée de dix lieux, des énigmes codées, des épreuves, des méchants qui empêchent les héros d’atteindre leur but. À l’époque, c’était très simpliste et pas forcément très bien développé, mais les idées principales y étaient. Je n’avais pas encore tous les tenants et aboutissants de mon histoire et j’étais loin de savoir que ça ferait un roman, mais j’ai su que je devais l’écrire, c’était certain. Et je me suis retrouvée avec une saga en quatre tomes alors qu’au tout début, je m’étais dit que pour un premier projet d’écriture, une petite nouvelle de 15 000 mots, ce serait déjà bien, donc une légère différence (le pire c’est que j’avais déjà une grande partie de l’histoire, alors j’étais très optimiste en disant que ça ferait une nouvelle).

Et vu que c’est mon premier roman, à des moments, ça a été difficile de l’écrire, même très difficiles parfois, parce que je ne savais pas où j’allais, je ne savais pas trop ce que je faisais, je ne connaissais pas bien mes personnages, j’improvisais souvent. Et surtout c’était long, j’ai mis trois ans et demi à écrire la première version, sachant que l’écriture et les idées évoluent très vite au début. Donc concrètement, quand je suis arrivée au quatrième tome et que je réfléchissais au précédent, j’avais du mal à en être fière et avoir confiance en mon histoire. Surtout qu’il y avait beaucoup d’incohérences et de changements en cours de route. Malgré tout, je m’étais forcée à aller au bout pour les lecteurs et pour me dire que j’avais réussi à le finir. Mais la fin a été très dure à écrire parce que je n’arrivais pas à être vraiment fière de mon travail. Au fond, je ne sais pas si mener le projet à bout était la meilleure des idées.

En tout cas, après avoir fini, il m’a fallu deux ans sans toucher aux ELLE avant d’accepter de juste y repenser. Et j’ai dû reprendre le projet de zéro pour me le réapproprier, en recréant l’univers, les personnages, la société, la quête, les énigmes pour faire une histoire qui me correspond plus, qui est plus abouti, mieux développer et mieux construite. Et maintenant, je peux le dire, j’en suis fière.